Interview : L’UX Design apporte un regard complet sur l’expérience de l’utilisateur, et s’intègre parfaitement à la méthode Agile.
La méthode Agile part du principe que les besoins sont toujours susceptibles d’évoluer dans un projet. Avec des actions incrémentales, itératives, et une bonne communication, les risques de discordes dans un projet Agile se réduisent considérablement. Pour sa part, l’UX Design est centré sur l’utilisateur, et doit garantir le résultat du côté usage. Une approche parfaitement intégrable à la méthode Agile. L’un de nos spécialistes dans le développement Agile, nous explique comment il réussit une association naturelle de ces deux démarches pour faire de l’UX Agile.
Pouvez-vous nous dire comment l’UX et l’Agilité peuvent s’associer ?
Il n’y a pas à les associer, puisqu’à mon sens il n’est pas possible de dissocier l’agilité et l’UX Design. L’UX apporte un regard complet sur l’expérience de l’utilisateur. Nous l’intégrons donc nécessairement dans un projet de développement, dans la partie Discovery. C’est à ce moment que nous observons les habitudes des utilisateurs : les usages en cours, leurs actions, leurs problématiques… Pour ainsi comprendre pourquoi ils ont commandé une application, comment contourner les problèmes qu’ils rencontrent et répondre à leur besoin. L’UX sert donc à prendre en compte l’expérience utilisateur dans le développement d’un logiciel. Et l’agilité permet de faire tester l’application par les utilisateurs dès le premier sprint de développement. Ils peuvent ainsi dire immédiatement si quelque chose ne va pas, et l’équipe projet bénéficie d’un retour d’expérience très rapide. UX et Agilité sont donc fortement liés.
Pourtant l’UX Design est souvent associé à une approche en cascade, différente de l’approche Agile ?
Au contraire, l’UX Design est lui-même Agile. Quand nous fabriquons des maquettes que nous faisons tester, comme des prototypes cliquables en haute définition par exemple, nous simulons une application. Nous pouvons donc éliminer des erreurs d’usage très en amont, grâce aux retours d’expériences. Et au tout début d’un projet, le temps de développement n’est pas encore décidé. La démarche UX est donc agile, puisqu’il est possible de faire autant d’itérations de prototypes que nécessaire, avant même de passer à l’étape de développement. L’Agilité est une adaptation au changement. Et ce principe s’applique aussi bien à l’UX qu’au développement. Il ne faut pas voir l’UX Design comme un contrat donné en amont. C’est une collaboration permanente entre plusieurs parties prenantes. C’est ce qu’indique le manifeste Agile : les interactions entre les individus plutôt que les processus et les outils. C’est simplement une question de bon sens.
L’avantage principal de l’UX Agile est donc ce feedback immédiat de l’utilisateur ?
Exactement. Aujourd’hui de nombreux outils comme Figma proposent de faire très simplement du prototypage en couleur, avec des boutons cliquables. Et même si cet outil semble limité par rapport à une application métier fonctionnelle, il permet de se projeter et d’éviter l’effet tunnel. L’UX Agile évite cette démarche qui consiste à imaginer toutes les maquettes possibles en amont, pour les développer et enfin s’apercevoir que certaines fonctions ne conviennent pas. Et l’utilisateur ne voudra pas utiliser l’application. Alors que si ce même utilisateur est impliqué dès la phase de maquettage, il aura ce sentiment que l’application développée lui appartient. Il n’y aura pas ce rejet qui peut se produire quand l’application ne correspond pas à ce qui avait été imaginé par le métier. L’appropriation de l’application et la facilité dans la conduite de changement représentent donc un autre avantage.
Voyez-vous d’autres avantages à l’utilisation de l’UX Agile ?
La réduction du coût d’investissement est également un avantage. Puisqu’il y a eu de nombreux tests de prototypages qui n’ont pas nécessité de mobiliser des développeurs, le coût est réduit. Car cela coûte toujours moins cher de se tromper sur la phase de maquettage que sur la phase de développement. Il y a encore un autre avantage qui est souvent oublié, qui concerne l’UX Designer et les développeurs. Une application développée en UX Agile n’aura pas 80% ses fonctions inutilisées. Cela donne du sens au travail de l’équipe, car elle développe des fonctionnalités déjà validées par l’utilisateur. Même si ce feedback continue place l’équipe dans une posture de remise en cause continuelle. Ce qui n’est pas toujours facile à vivre au quotidien.
Justement, quels sont les freins à la mise en place de l’UX Agile ?
L’implication des utilisateurs est un élément essentiel à la réussite d’une démarche UX Agile. Un utilisateur qui n’a pas assez de temps à consacrer au projet, qui ne veut pas s’impliquer, est une vraie menace pour celui-ci. Il faut sensibiliser les collaborateurs, les acculturer dès la partie avant-vente. Il faut définir les responsabilités et un PO, qui sera le seul à prendre les décisions sur la partie fonctionnelle. Répartir ce rôle sur plusieurs personnes n’a jamais donné de bons résultats selon mon expérience. Et enfin fixer tout le planning des réunions avec le PO dès le début du projet.
Quelle est la vision de l’UX Agile chez Inside ?
Avec une démarche Agile, il faut livrer en production dès le premier sprint. C’est pour cette raison que dans notre démarche 3D -pour Design, Deploy and Develop- la partie déploiement est placée avant la partie développement. Nous travaillons donc sur l’intégration en production en même temps que la phase de Design. Concrètement, quand nous lançons un projet, nous commençons certes par l’UX Design et le maquettage, mais nous lançons tout de suite la partie Deploy. Tout cela avant le premier sprint de développement. La partie design ne fera que le nombre suffisant de features pour tenir le premier sprint. Et la partie Deploy fera tout ce qu’il faut pour déployer chez le client à la fin du premier sprint. Dans la phase Develop, il est important pour nous de déployer dès qu’il y a quelque chose à montrer afin d’obtenir un feeback rapide.
C’est une véritable tendance dans l’industrie de privilégier le déploiement automatique. Par exemple, l’approche Infra As A Code épaule bien cette démarche, en donnant la possibilité de déployer des environnements en un seul clic. Cette automatisation permet de réduire les coûts tout en gagnant du temps. Et ce temps gagné nous permet de mettre en œuvre des démarches très qualitatives dans la phase Develop, comme le Clean Code ou le TDD.
L’UX Design n’est pas un contrat donné en amont, c’est une collaboration permanente entre plusieurs parties prenantes.
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