L’intelligence artificielle (IA) apparaît comme un levier incontournable pour stimuler la créativité et l’efficacité au sein des organisations. La mise en place d’une « boîte à idées IA » représente une initiative prometteuse pour mobiliser l’intelligence collective des collaborateurs et favoriser l’émergence de solutions innovantes. Ce dispositif, en plus de renforcer l’implication des salariés, permet de capter des idées diversifiées et de les transformer en projets concrets.
Pierre Le Gallou, Product Manager chez Inside, explore pour nous les spécificités et les modalités d’une telle démarche, ainsi que les conseils pour en assurer le succès.
Quels enjeux se cachent autour de la mise en œuvre d’une « boite à idées IA » ?
L’objectif d’une boîte à idées est de favoriser la collecte des envies, demandes et trouvailles des collaborateurs autour d’un thème donné. Ici, il s’agit de mobiliser l’intelligence collective sur le sujet de l’Intelligence Artificielle. Je vois donc deux enjeux majeurs. Le premier concerne l’implication des salariés. La boîte à idées offre en effet à chaque collaborateur l’opportunité de s’exprimer sur un sujet qui le concerne. De fait, le salarié qui partage son idée est directement impliqué dans le développement de sa société. Et ce n’est pas un secret : un salarié impliqué est un salarié plus performant !
Mais ce n’est pas tout. Permettre à chacun de s’investir de cette façon dans un projet est un élément différenciant par rapport à d’autres sociétés, et donc un facteur de fidélisation. C’est une démarche donnant/donnant : le collaborateur apporte ses idées, et la société ses capacités à réaliser des POC IA et des tests. Ce qui aboutit à une co-construction visant l’innovation, qui est le deuxième enjeu. L’IA représente une opportunité qu’il ne faut pas manquer : même si ce marché est aujourd’hui encore « apprenant », il faut impulser la dynamique dans l’organisation. L’idée est d’apprendre en même temps que le marché pour suivre le rythme dans l’accompagnement de nos clients.
Est-ce que le domaine de l’IA est spécifique dans ce contexte ?
Ce qui est notable avec l’IA, c’est qu’elle concerne potentiellement tous les métiers. En effet, même si tout le monde ne développe pas d’outils IA, tout le monde utilise de telles solutions. Pas forcément les mêmes : une application LLM (Large Language Model) pour l’un, une solution orientée Machine Learning Ops pour l’autre, mais chacun utilise -ou utilisera- un outil basé sur l’IA.
C’est pour cette raison qu’il est important d’ouvrir une boîte à idées autour de l’IA à un maximum de collaborateurs, pour obtenir un périmètre large. Qu’il s’agisse d’un développeur, d’un chef de projet, d’un Product Owner, d’un DSI… Chacun doit se demander quels sont les besoins en fonctionnalités IA dans son métier pour l’accompagner au quotidien. Mais pas seulement. Chacun peut également soumettre une idée pertinente, même si elle n’est pas liée à son domaine, parce qu’il n’aurait pas le temps de la creuser pour faire un POC, par exemple.
Comment cette boîte à idée IA est gérée chez Inside ?
Chez Inside, nous avons décidé de créer une boîte à idées numérique sous la forme d’une application : BIPI (Boîte à Idées Pour Inside). Cela permet à tout Insider de déposer une idée qui sera traitée par une équipe dédiée. BIPI peut ainsi servir pour des idées concernant nos propres solutions, celles que nous développons en interne, ou les solutions que nous utilisons pour effectuer nos tâches.
Cette démarche est complètement alignée avec l’Agilité qui est un vrai marqueur chez Inside : les équipes sont les sachants, et le dispositif BIPI permet de capter de la donnée de qualité. Contrairement à une structure d’entreprise où les idées proviennent d’un petit nombre de personnes en haut de la pyramide hiérarchique, Inside permet à toutes les expertises de s’exprimer et, pour ceux qui le souhaitent, de participer à la construction de quelque chose. Enfin, ce sont généralement nos clients qui bénéficient du talent de nos Insiders, comme pour la plupart des organismes proposant des consultants. En ouvrant des initiatives au sein même de la société, Inside peut également bénéficier plus largement des talents divers et variés de ses Insiders, qui peuvent ainsi briller à la fois en externe et en interne.
Quels sont tes conseils pour initier la démarche ?
D’abord ouvrir la démarche à un maximum de collaborateurs, en partant du principe que tout le monde est au même niveau avec l’IA : c’est un sujet récent et qu’il est tout à fait possible de se former seul pour les plus passionnés. Une boîte à idées IA peut donc servir à détecter des talents insoupçonnés autour de cet enjeu. Je conseille ensuite de mettre en dispositif en face de cette boite à idée. C’est-à-dire une équipe et un processus.
L’équipe aura pour responsabilité de faire grandir l’entreprise sur ce sujet. C’est exactement ce que nous faisons chez Inside avec l’équipe IAxLab, qui a pour objectif d’explorer les idées, d’expérimenter et de développer des POCs. Pour récupérer ces besoins, l’équipe doit disposer d’une expertise technique, mais aussi de temps. En effet, les membres de cette équipe ne sont pas forcément détachés à 100 % sur cette activité. L’enjeu est de trouver le juste équilibre entre le temps consacré à l’exploitation de cette boîte à idées IA (10 à 20 %) et le temps consacré à l’exécution des tâches pour lesquelles le salarié a été embauché (80 à 90 %), afin de ne pas léser le business et les clients. Chez Inside, nous avons déjà un budget consacré aux initiatives internes (comme le maintien des applications, ou le SI 2.0 par exemple), l’arbitrage est donc plus aisé.
En ce qui concerne le processus, je conseille de le structurer en deux parties : le discovery (pour analyser une idée) et le delivery (pour réaliser une idée). Plus précisément, le discovery permet de se forger une conviction pour éventuellement déclencher le delivery. C’est-à-dire travailler une idée pour définir si elle a du sens sur un marché (interne ou externe) : l’idée existe-t-elle déjà, y a-t-il des concurrents, y a-t-il une demande identifiée ? Si la conviction est là, il faut passer au delivery, donc à la réalisation du projet, de manière classique. De fait, la partie discovery est la plus stratégique : elle permet d’éliminer 80 % des idées et de définir sur quelles idées travailler, en prenant en compte les critères d’expertise, de compétences internes, de coûts et de temps. C’est pour cette raison qu’il faut absolument une tête de pont au niveau de la direction, pour prioriser et orienter les choix, surtout sur un enjeu aussi important que celui lié à l’intelligence artificielle.
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