Thomas Lleixa, coach DevOps, Craft et Agile, nous explique comment DORA peut offrir aux professionnels du DevOps des informations précieuses pour améliorer leurs pratiques et leurs résultats.
Peux-tu nous donner ta vision du DevOps Research and Assessment ?
A mon sens, DORA s’inscrit dans la continuité d’Accelerate, cette étude basée sur les meilleures pratiques en matière d’Agilité, Lean et DevOps, dont le but est de découvrir comment fonctionnent les entreprises les plus performantes en matière de delivery logiciel. Mais DORA est avant tout une organisation, qui recueille des informations précises auprès de personnes qui travaillent dans un contexte DevOps. Elle permet d’évaluer sa pratique DevOps, d’identifier les facteurs à succès ainsi que les démarches les moins efficaces. Les équipes peuvent ainsi se positionner par rapport à des indicateurs du marché régulièrement mis à jour, et améliorer leur pratique IT de manière générale. DORA vise donc à faire la promotion de ce qui fonctionne bien et des nouvelles pratiques auprès de la communauté DevOps.Quels sont les liens de DORA avec Accelerate ?
Il faut rappeler que les auteurs d’Accelerate (XLR8) et du DevOps Research and Assessment (DORA) sont les mêmes : Jez Humble, Gene Kim et Nicole Forsgren. Les deux premières personnes citées sont d’ailleurs à l’initiative du concept même de DevOps. Il s’agit donc de figures de références avec un haut niveau de maturité dans leur écosystème. Si XLR8 montre ce qu’il faut faire pour obtenir un delivery performant, en se focalisant sur les capacités d’une entreprise (la capacité étant dans ce contexte une pratique concrète et mesurable), DORA montre également ce qu’il faut faire pour améliorer ses pratiques DevOps avec quelque chose de très factuel. D’ailleurs les clés de réussites de DORA sont désormais intégrées dans un outillage fourni par Google. Et cette « factualisation » est très intéressante, car elle donne dans une vision globale la valeur ajoutée et le ROI de la transformation d’une organisation via des pratiques DevOps. Ce n’est donc pas seulement du ressenti : les entreprises peuvent savoir sur quel levier (quel framework) jouer pour améliorer leurs pratiques.Justement, peux-tu nous donner les indicateurs de performances utilisées dans ces démarches ?
Si XLR8 s’appuie ainsi sur 24 capacités réparties dans 5 grandes catégories, DORA utilise « seulement » 4 indicateurs (KPI) principaux, ce qui est très pragmatique (un maître-mot dans toute transformation) :
- Le temps de cycle ou le délai de livraison des fonctionnalités : c’est-à-dire le temps nécessaire pour qu’une nouvelle fonctionnalité soit déployée en production. Ou plus précisément le temps écoulé entre le moment où le code est produit et sauvegardé, et le moment où il est disponible en production pour le client.
- Le taux d’échec au changement : qui mesure le pourcentage entre les déploiements qui se déroulent sans problème majeur et ceux qui nécessitent une correction immédiate.
- La fréquence des déploiements : C’est à dire la fréquence à laquelle de nouvelles fonctionnalités sont déployées en production (x fois par jour, ou x fois par semaine par exemple).
- Le taux de restauration moyen du service : soit le temps nécessaire pour restaurer le service après une panne. C’est-à-dire le temps écoulé entre un incident de production, le recueil d’informations lié à ce problème, son analyse et la publication du changement pour rétablir le service à son état nominal.
J’ajouterai un cinquième indicateur avec la fiabilité. Ce dernier est très difficile à mesurer et se trouve très dépendant de l’organisation, du contexte technique et de la maturité de l’équipe qui fait cette mesure. L’intéressant ici est d’étudier les critères servant à mettre en œuvre cette mesure de la fiabilité, car ils permettent de traduire la performance opérationnelle d’une organisation. Ils fournissent également une trajectoire à une équipe : elle se donne des objectifs, un chemin pour y arriver et grandir ensemble en construisant. De fait les équipes gagnent en autonomie, ownership, accountability, vision produit/service … De plus les équipes se rencontrent et affirment leurs convictions, portent la communication et se valorisent en transmettant le savoir technique : des atouts considérables pour une organisation équilibrée et pérenne.
Comment Inside accompagne ses clients autour de cette démarche DORA ?
Il faut avoir à l’esprit que DORA nécessite un certain niveau de maturité dans sa pratique DevOps et des outils qui serviront à récolter les données pour les indicateurs. Inside peut donc à la fois accompagner ses clients sur les volets de la dette culturelle (l’organisationnel) tout autant que sur la dette technique (les outils). Nous pouvons ainsi faire de l’implémentation, de l’accompagnement Craftsmanship, pour de la qualité, de l’outillage DevOps pour de la mise en place d’automatisation ou d’infrastructure, mais également de la conduite du changement ou de la formation !
Plus généralement, dès qu’il y a un geste technique dans l’écosystème du DevOps ou de l’infra, nous essayons de placer des indicateurs et d’évoquer ce sujet avec de l’acculturation. Nous pouvons par exemple accompagner un geste technique et en profiter pour y intégrer les bonnes pratiques et la mesure (photographie avant/après) afin d’initier une réflexion sur cette démarche. Capitaliser sur les bonnes pratiques et porter un raisonnement factuel permettent d’activer une posture pragmatique d’amélioration continue efficace. Les équipes et les organisations grandissent et portent des valeurs de construction positives, de proactivité au bon moment et de convictions partagées.
Vous souhaitez échanger avec nos experts autour de la démarche DORA, c’est par ici !